Les compétitions sportives réservent souvent leur lot de surprises, mais en CrossFit, les épreuves mêlant course et rameur mettent en général en évidence l’écart physique entre hommes et femmes.
Sur ces mouvements, les femmes peinent souvent à suivre le rythme des hommes, dont les capacités physiologiques offrent généralement un net avantage.
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Pourtant, lors de l’épreuve inaugurale des CrossFit Games 2025 à Albany (NY), Tia-Clair Toomey-Orr et Aimee Cringle ont pulvérisé ce postulat. En course et en rameur, elles ont respectivement devancé 19 et 18 des 30 athlètes masculins engagés sur l’événement.
Ce premier test du vendredi – “Run/Row/Run” – se composait d’un enchaînement éreintant : 6,5 km de course, suivis de 3 000 mètres sur rameur, pour finir avec 3,2 km de course. Une épreuve d’endurance pure, censée favoriser les athlètes les plus puissants et endurants.
Toomey-Orr a franchi la ligne d’arrivée en 49:49, un temps identique à celui de Ty Jenkins, classé 11e chez les hommes. De son côté, Aimee Cringle a bouclé l’épreuve en 50:16, un chrono qui l’aurait positionnée 13e au classement masculin.
D’autres femmes dans le haut du classement
Les performances féminines ne se sont pas arrêtées là. Les quatre athlètes suivantes — Lucy Campbell, Haley Adams, Arielle Loewen et Mirjam von Rohr — ont elles aussi rivalisé avec les hommes. Campbell a battu 11 d’entre eux, Adams 10, Loewen 9 et von Rohr 7.
Le rameur reste l’un des rares mouvements où les différences physiologiques entre hommes et femmes se traduisent par un véritable écart de performance. Plus grands et plus massifs, les hommes y bénéficient d’un levier biomécanique supérieur.
En 2018, lors du marathon rameur, Toomey-Orr n’aurait terminé que 36e sur 39 au classement masculin. D’où l’exploit : battre près de deux tiers du plateau masculin sur une épreuve comportant 3 000 mètres d’aviron relève de l’exceptionnel.
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Toomey-Orr n’en est pas à son coup d’essai. Depuis près d’une décennie, l’Australienne a régulièrement égalé, voire surpassé, les performances masculines sur des épreuves d’endurance mass-start, combinant course, natation ou paddle.
En 2019, lors de l’épreuve “Swim Paddle” (1 000 m de nage, suivis de 1 000 m de paddle), elle a même signé le meilleur temps, hommes et femmes confondus.
Voici cinq autres performances marquantes :
- 2024 : Sur “Lake Day” (5,6 km de course, 800 m de nage), elle aurait terminé 3e chez les hommes.
- 2021 : Sur “Event 1” (1 600 m de nage avec palmes et 4,8 km de kayak), elle se serait classée 6e chez les hommes.
- 2017 : Sur “Run/Swim/Run” (2,4 km de course, 500 m de nage, 2,4 km de course), elle signe le deuxième meilleur temps général, derrière Brent Fikowski.
- 2016 : Sur l’épreuve “Ocean Swim” (500 m de nage), son chrono la place 5e chez les hommes.
- 2015 : Sur “Pier-Paddle” (500 m de nage, 3,2 km de paddle, 500 m de nage), elle se serait également classée 5e chez les hommes.
Une égalité de principe… et de performance
Depuis ses débuts, le CrossFit se distingue par une philosophie d’égalité : mêmes épreuves, même scène, même dotation financière pour les hommes et les femmes. Ce format unique a permis aux athlètes féminines de prouver qu’elles peuvent rivaliser sur de nombreux mouvements.
Cependant, les disciplines d’endurance pure – notamment la rame – restent un domaine où les hommes conservent souvent un avantage physique. Ce qui rend les performances de Toomey-Orr et Cringle lors du “Run/Row/Run” encore plus impressionnantes : elles ont non seulement rivalisé avec les meilleurs hommes, mais les ont tout simplement dépassés.
Loin d’un simple “combat des sexes”, ces résultats témoignent d’un niveau de performance qui transcende les catégories. Toomey-Orr, par sa constance au sommet depuis plus d’une décennie, incarne cette élite rare capable de redéfinir les standards physiques du CrossFit moderne.